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Une enseignante en 5 questions

  • paris8enlettres
  • Mar 11, 2020
  • 4 min read

Le mardi 03 mars, l'équipe de notre Blog a été reçue par une enseignante de Paris -8 en salle des profs. Exclusivité de l'entretien.

Bonjour Madame. Pouvez-vous vous présenter de façon succincte pour nos lectrices et lecteurs ?

Je suis Ferroudja ALLOUACHE, 47 ans , Maître de conférence en Littérature française et francophone. Je travaille au département de Littérature depuis 2017 à Paris 8 Saint Denis . Auparavant, j'ai été détachée du secondaire au département de communication « français, langue étrangère » depuis 2010. Avant cela, j'ai été professeure de collège et lycée de 2000 à 2010 .

En plus d'être enseignante chercheuse , vous êtes chargée d'une mission particulière dite «  Les cordées de la réussite ». Pourquoi cette métaphore de « la cordée » ? Quelle est l’ambition de cette mission et pour quel résultat depuis sa création ?

Alors, je suis chargée de mission par la Présidente, depuis trois ans , des « cordées de la réussite ». La métaphore de la cordée, c'est effectivement tendre une corde aux gens qui sont situés en bas pour les aider justement à monter, à progresser. Et donc, c'est l'idée de progrès, c'est l'idée d'aller loin, c'est l'idée d'avoir des horizons larges et d'envisager tous les possibles qui peuvent être permis.

Vous étiez professeure au lycée avant d'intégrer l'université , probablement afin de poursuivre la même passion pour la littérature. Est-ce d'ailleurs une passion ? Quelles sont les différences entre ces deux milieux pédagogiques pour l'enseignante que vous êtes ?

Alors, j'ai été professeure, surtout au collège, essentiellement auprès d'élèves étrangers et une « classe ordinaire » très longtemps et donc très peu de lycée. Le public avec lequel j'ai eu à travailler était un public situé en zone d'éducation prioritaire. C'était un public qui avait besoin, justement, des professeurs ayant une culture assez forte, assez riche. Parce que ce public là - qui est entre-guillemets “en manque” - a besoin justement de beaucoup. J'ai malheureusement dû quitter le collège parce que j'aime beaucoup aussi la recherche, et je ne pouvais pas avoir un emploi du temps très chargé dans le secondaire en accumulation avec l'université . Il a fallu – et bien – devenir détachée du secondaire.

L'année dernière, vous avez fait publier un recueil de textes autobiographiques avec vos étudiant(e)s en Licence de Lettres sur les expériences de lecture et le rapport à celle-ci . Ce qui m'a semblé à titre personnel une bonne expérience . Étiez-vous impressionnée de ces apports rédigés ? Avez-vous d'autres projets à venir ?

Alors, euh (rire et occasion de présenter le travail fait cette année avec les étudiants de licence, une certaine fierté sur le visage ), tous les ans , normalement, je demande aux étudiants de faire un travail personnel , si possible vraiment personnel, c'est à dire pas en groupe autour d'une thématique . Avec votre classe, c'était effectivement sur le journal personnel d'une autobiographie littéraire . Et, en effet, j'ai été très, très agréablement surprise du texte que vous êtes parvenus à écrire . Donc, bien entendu, vous vous souvenez de votre travail en quatre versions que j'ai lu, annoté, corrigé, commenté afin que vous puissiez , vous , corriger, développer, améliorer et être au plus près de ce que vous dites pour choisir le vocabulaire juste , le vocabulaire le plus adéquat. Ce travail, c'est d'abord pour vous faire écrire, vous faire réfléchir sur votre rapport à vos langues, votre rapport à la littérature, votre rapport aux mots, et à la manière dont vous parlez, parce que le langage est social. Et ce travail dont j'ai été assez fière - même si je n'aime pas beaucoup le mot « fière » - fière de l'avoir fait avec vous, fière de vous l'avoir fait faire, et fière de ce que vous êtes parvenus à faire . Donc, j'ai été assez contente parce que je crois que le fait que chacun, chacune ait un exemplaire avec tous les textes de ses camarades , cela permet de se connaître, de lire des choses particulières et de découvrir des choses que vous n'auriez jamais soupçonnées de vos camarades. Et c'est vrai, c'était assez intéressant ! Vous, c'était votre français avec les Comores, d'autres le français de France, selon d'où l'on vient, de la province, d'une banlieue, ou d'autres encore, d'un pays vers un autre, d'un continent vers un autre... Il y avait des étudiants américains, des étudiants étrangers de pays francophones. Parce que la langue est politique, et donc certains avaient cette dimension politique qu'ils mettaient au premier plan, d'autres moins . Vous, par exemple , c'était par rapport à l'école et aux œuvres littéraires, d'autres c'était des mots, d'autres c'était des insultes. C’était un panorama et un panel assez larges et divers.

Une dernière question . Si vous deviez rêver un changement de métier hors du domaine de l'enseignement et de la recherche, votre dévolu se jetterait sur quel champ ?

Ah ! Si je devais changer de métier, je crois que je ferais beaucoup dans l'œnologie. C'est à dire travailler autour de tout ce qui est des vignes. J'aimerais bien, je me verrais bien avoir une grande propriété, des vignes, recevoir des gens, discuter, peut-être travailler à la campagne, le terroir. Je ne sais pas, peut-être revoir, redécouvrir les gens différemment en dehors de l'université, même si j'aime beaucoup l'université. Voilà, si je devais me réinventer, j'aimerais par exemple ne pas travailler, recevoir de l'argent, et travailler de manière bénévole, par exemple dans les associations , travailler avec les migrants, travailler à ce que les gens soient mieux.

Là vous revenez à cette cordée dont nous avons parlé tout à l'heure ?

Mais, c'est vrai ! C'est vrai vous avez raison. Parce que ce qui me plaît toujours, c'est l'ordre relationnel. C'est à dire redécouvrir l'autre sur d'autres terrains , dans d'autres sphères, par exemple le milieu associatif, les migrants, ou comment on apprend à se débrouiller avec très peu de mots dans une autre langue. Ou, je ne sais pas, peut-être faire du théâtre, en tous cas quelque chose qui a un lien avec l'altérité, avec l'autre, avec le partage en fait .

Propos recueillis par Nourdine MBAE


 
 
 

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