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Petite histoire des arts de la rue en période de confinement

Autrice : Sophie TARDIVEL


Nous sommes à nouveau confinés. Enfin presque. Il n’y a pas eu de festivals en 2020, il y en aura peut-être en 2021. Sinon il faudra attendre 2022. Sinon… Pour le moment, les lieux culturels sont fermés, les rassemblements publics sont interdits. Les intermittents du spectacle — artistes et techniciens — manifestent, occupent les théâtres et les agences Pôle Emploi. Le gouvernement va-t-il reconduire l’année blanche ? La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a été infectée par le SARS-CoV-2. Elle va mieux. Elle a eu peur. Elle en parle sur BFMTV. Elle annonce une réouverture possible mi-mai. Le 20h de TF1 nous présente le portrait de Sébastien, 50 ans, chanteur d’opéra devenu livreur de repas à vélo. Quand on veut, on peut. Pour l’année blanche, on a comme un doute.


Le cadre est posé.


Pourtant on se souvient.


Il y avait des spectacles dans les théâtres, sur les places et dans les rues. Il y avait des artistes. Il y avait des publics.


Je me disperse. Je voulais vous parler des arts de la rue aussi appelés arts en espace public, de ces spectacles, ces évènements artistiques qui — eux-aussi — occupent des lieux qui ne leur sont pas dédiés. Apparus dans les années 1970, en pleine crise économique, sociale et urbaine, ces arts contestataires, résolument politiques, mettent au centre de leurs créations la ville comme fabrique du lien social. Rejetant les conventions artistiques traditionnelles, ils s’inspirent du dadaïsme, du situationnisme, de l’agit-pop ou des happenings, tout en se réclamant de pratiques anciennes et populaires.


Puis vint l’effervescence.


Interdisciplinaires, les arts de la rue mêlent théâtre, danse, cirque, musique, arts plastiques. Ils sont avant tout caractérisés par un espace et une proximité entre les artistes et les publics. Une volonté de créer du commun. Les spectacles sont payés au chapeau. Gratuité = accessibilité. Dans les années 1980 se développent de grandes compagnies d’arts de la rue comme la Compagnie Off ! Débordements poétiques urbains…, la compagnie Générik Vapeur — Trafic d’Acteurs et d’Engins ou encore la compagnie Royal de Luxe et ses Géants.


Puis vint l’institutionnalisation.


Les premiers festivals apparaissent : le festival de théâtre de rue d’Aurillac en 1986, celui de Chalon dans la rue à Chalon-sur-Saône en 1987. Ce n’est qu’en 1983 qu’est créé le premier lieu de création labellisé, Lieux publics tandis que la Fédération nationale des arts de la rue est créée par des professionnels du secteur en 1997. À partir des années 2000 sont créés des Centres nationaux des arts de la rue (CNAR) qui deviendront en 2010 les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public (CNAREP). Il y a quatorze lieux dédiés aux arts de la rue, arts qui s’exercent dans les lieux non dédiés à la culture.


Puis vinrent les baisses de budget.


Puis vinrent les réformes.


Puis vint la pandémie.


Update : La ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur BFMTV le 23 avril a annoncé une possible réouverture des lieux culturels mi-mai, avec un éventuel pass sanitaire. Ou pas. On ne sait pas encore si les festivals pourront avoir lieu cet été. On espère. Peut-être qu’après le confinement, les arts de la rue seront un moyen de nous ré-approprier l’espace public, de créer du commun et d’imaginer le monde de demain.


Compagnie Générik Vapeur : https://www.generikvapeur.com

Compagnie Royal de Luxe : http://www.royal-de-luxe.com/fr/

Festival Chalon dans la rue : http://www.chalondanslarue.com

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