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Entretien avec Angela Portella par Simon Vercaemst

J’ai interviewé par visioconférence Angela Portella, journaliste, auteure, animatrice d'ateliers d'écriture et professeur intervenant à l'Ecole des Mines (cours de Synthèse et Communication).





- Comment et pourquoi êtes-vous devenue journaliste ? Auteure ?


J’ai voulu être journaliste dès mes 8 ans. Je voyais à la télévision la correspondante Martine Laroche-Joubert (reporter de guerre). Elle symbolisait pour moi la liberté et l’émancipation.


Je suis alors devenue journaliste et auteure par goût de l’écriture et de la lecture, et parce que j’ai écouté ma « voix d’enfant ». Mon livre de développement personnel, Ecrire sur soi, écrire pour soi, permet d’ailleurs de se connaître par des exercices d’écriture.


Ma carrière d’auteure, elle, a débuté suite à un arrêt de travail. Je n’avais pas de raison précise d’écrire, hormis l’envie d’écrire de la fiction. Auteur, y compris auteur jeunesse, est un métier qui s’apprend, avec des codes à respecter. La structure est particulièrement importante dans la littérature jeunesse.


Cela a permis la publication de mon premier livre, l’album Il n’est jamais trop tôt pour dire je t’aime, où j’ai écrit sur la naissance d’un enfant grand prématuré en prenant en compte le point de vue des autres enfants de la fratrie.


- Puisqu’auteur est un métier qui s’apprend, existe-t-il une formation pour le devenir ?


Il existe des formations dans les pays anglo-saxons, mais pas en France où il n’y a pas vraiment de statut d’auteur. Ici, c’est le système D. La formation est solitaire et éventuellement coûteuse. On peut se former en lisant beaucoup, en s’appuyant sur des manuels et en s’inscrivant à des ateliers d’écriture animés par des auteurs ou des animateurs.


Les manuels apprenant à écrire un scénario sont une bonne béquille car, en termes de structure et de mise en scène, écrire un scénario et écrire un roman ne sont pas des activités très différentes. Toutefois, ils n’apportent pas la dimension littéraire (la « patte » personnelle) nécessaire.


Si on a du temps, le mieux est l’atelier. Il permet de s’entourer de collègues auteurs et d’apprendre d’eux en échangeant des conseils, des méthodes…


- Et quelles sont les formations pour devenir journaliste ?


Il existe des écoles supérieures de journalisme (ESJ) réputées : l’ESJ de Lille, l’École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (CELSA), le Centre de Formation des Journalistes (CFJ)… Il existe des voies royales mais aussi des chemins de traverse. Les grandes écoles donnent accès à de solides bases et à des stages, mais il ne faut pas négliger le grand rôle que joue le relationnel.


- Et vous ? Comment avez-vous appris votre métier de journaliste sur le terrain ?


N’étant pas issue d’un milieu littéraire (père France bottier, grand-père peintre), mon profil était atypique à l’époque. Après le bac, j’ai effectué des stages pendant 6 mois, je suis allée de magazines en magazines, j’ai été pigiste (journaliste payée à la pige) à la radio… J’ai appris sur le tas, en faisant, et je me suis constitué un réseau important. Le carnet d’adresses est le meilleur outil pour un journaliste.


- Justement, comment avoir un bon carnet d’adresses ?


Pour avoir un bon carnet d’adresses, c’est un travail quotidien. Aller repérer les bons interlocuteurs sur LinkedIn, se connecter avec eux mais aussi sur Instagram, Facebook (je n’utilise pas Twitter), et les identifier (les tagguer) pour se faire connaître et surtout faire connaître ce que l’on fait. Dans ce milieu, c’est incontournable.


- Aujourd’hui, quels sont vos domaines en tant que journaliste ? Quel genre d’auteure êtes-vous ?


En plus de 20 ans de journalisme, j’ai travaillé à la radio en tant que pigiste. J’ai à cette occasion effectué des stages à Radio France. J’ai aussi travaillé dans la presse écrite magazine, dont la presse féminine, dans les groupes Hachette et l’Etudiant. J’ai écrit des dossiers de presse, des newsletters, des livres…


Je suis également auteure depuis plus de 6 ans. J’écris de la fiction et j’ai publié une vingtaine d’histoires en tant qu’auteure jeunesse, dont l’album Il n’est jamais trop tôt pour dire je t’aime. J’ai aussi écrit un livre de développement personnel : Ecrire sur soi, écrire pour soi.


- Qu’est-ce qu’un journaliste « indépendant » ? En quoi se distingue-t-il d’un journaliste « traditionnel » ?


Au début d’une carrière, il est rare pour un journaliste de se faire embaucher directement. En tant que pigiste, j’étais une journaliste freelance, le contraire d’un journaliste salarié. Je n’avais pas de contrat d’exclusivité, je n’étais pas affiliée à un magazine spécifique, on me commandait des articles. Etre pigiste permet de se tester et de s’autodéterminer.


- A propos de carrière, quelles sont les évolutions possibles dans votre métier de journaliste ?


Après avoir été pigiste, il est possible d’évoluer jusqu’à devenir rédacteur en chef, en passant par chef de rubrique. Le milieu du journalisme a lui-même évolué avec la digitalisation des contenus et les réseaux sociaux. La course à l’info impose de s’adapter aux différents supports et d’être réactif.


- Vous qui avez différentes activités, comment les conciliez-vous ? Avez-vous un emploi du temps organisé ? Existe-t-il une semaine-type en tant que journaliste ? En tant qu’auteur ?


En tant qu’animatrice d'ateliers d'écriture, mon nombre de séances est variable. En tant que journaliste freelance, j’étais libre de gérer mon temps. En tant qu’auteur, on écrit quand on peut.


En effet, il faut concilier quatre vies : la vie de famille, la vie sociale, la vie professionnelle et la vie d’auteur. On écrit quand et comme on peut, par périodes de gestation puis d’écriture. J’espère décrocher un boulot à temps partiel, travailler 2 à 3 jours pour vivre et me consacrer à l’écriture les autres jours.


- Malgré cette organisation, quels sont les aléas ou contraintes auxquels vous devez faire face en tant que journaliste ? En tant qu’auteure ?


En tant que journaliste, les aléas dépendent du statut. Le statut d’indépendant rend libre de gérer son temps, mais des pics d’activité où tout le monde appelle en même temps surviennent, donnant l’impression de montagnes russes. Le salariat est moins libre, mais il y a la sécurité de l’emploi.


En tant qu’auteur, la contrainte naturelle est l’histoire que l’on veut raconter. L’autre « aléa » est moins un aléa que les conditions du succès. Il s’agit de surmonter les refus essuyés, de faire preuve de beaucoup de persévérance, de se faire une place avec le temps, d’accepter le succès puis la disparition, de faire sa propre communication.


Ainsi, il m’a fallu 4 ans pour voir mon premier livre publié, le temps d’écrire, d’établir un réseau, d’identifier les interlocuteurs et les maisons d’édition…


Il faut savoir que l’échec fait partie du chemin et que personne ne nous attend. Celui qui réussit est celui qui persévère. La réponse négative d’un éditeur est un bon signe, de simples encouragements valent de l’or. Il ne faut pas hésiter à aller voir sur LinkedIn pour trouver des noms pour savoir à qui envoyer ses textes.


- En parlant de succès, outre les qualités citées dans votre profil (curiosité, créativité, organisation, rédaction, aisance relationnelle et autonomie), quelles sont les qualités plus personnelles à posséder ou cultiver pour être un bon journaliste ? Un bon auteur ?


Le métier de journaliste nécessite l’esprit de synthèse, de l’empathie et de la réactivité. Celui d’auteur requiert de la persévérance et de la sincérité.


- Revenons à vous. Qu’est-ce que vous aimez personnellement dans vos métiers ?


Cela dépend des jours. J’aime intervenir dans les écoles primaires et auprès des terminales et post-bacs pour développer l’écriture de soi, l’écriture créative et narrative.


- Et qu’est-ce que vous aimez le moins ?


Intervenir dans les collèges et lycées. Les ados lisent un peu moins et sont parfois moins réceptifs durant cette période.


- Pour conclure, quelles sont vos créations (articles, livres…) dont vous êtes la plus fière ?


Les deux livres dont je suis la plus fière sont celui que j’ai écrit pour la naissance prématurée de ma fille intitulé Il n’est jamais trop tôt pour dire je t’aime et celui sur mes ateliers d’écriture de soi Ecrire sur soi, écrire pour soi, car il porte une idée à laquelle je crois beaucoup et que je souhaite diffuser le plus largement possible : l’écriture est une source de bien-être, un outil de croissance personnelle, un moyen de développer sa créativité, une façon de se reconnecter avec soi, de se poser des questions.


Peu après cet entretien, Angela Portella est devenue responsable des relations publiques de l’Institut de Formation à la Sophrologie.


Visitez le site officiel d’Angela Portella : https://www.angelaportella.fr/

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